La manutention des personnes dépendantes : un geste technique à professionnaliser

La manutention des personnes dépendantes est un geste quotidien, technique et exigeant pour les soignants. Mal réalisée, elle peut être à l’origine de troubles musculo-squelettiques (TMS), de fatigue, mais aussi de perte d’autonomie pour les patients. Pourtant, former les équipes à ces gestes spécifiques permet non seulement de préserver la santé du personnel, mais aussi de valoriser le rôle actif des patients dans leur propre mobilité.

Des gestes qui protègent : les enjeux d’une manutention maîtrisée

La manutention des personnes dépendantes représente l’un des gestes les plus courants – et les plus risqués – dans les établissements de santé et médico-sociaux. Selon l’INRS, plus de 80 % des accidents du travail dans le secteur de l’aide et des soins à la personne sont liés à des manutentions manuelles, et la majorité des arrêts de travail des aides-soignants concernent des troubles musculo-squelettiques (TMS). En parallèle, une étude menée par la DARES révèle que près de 60 % des professionnels du soin en EHPAD ressentent des douleurs physiques chroniques liées à leur activité. 

Face à ces chiffres, professionnaliser les gestes de manutention n’est plus une option, mais une priorité : pour prévenir les blessures, sécuriser les transferts, et favoriser une meilleure participation des patients à leur propre mobilité. La formation devient ainsi un levier clé de santé au travail, de qualité de soin, et de préservation de l’autonomie.

Pourquoi former les soignants à la manutention des personnes ?

Gagner du temps, prévenir les douleurs, et maintenir l’autonomie, voilà trois raisons majeures de mettre en place des formations en manutention. 

Ces formations permettent aux professionnels de santé :

  • D’adopter les bons gestes et postures pour éviter les efforts inutiles ou les blessures.
  • D’analyser les capacités du patient pour ajuster leur accompagnement.
  • De transmettre des directives simples et efficaces aux patients pour les aider à participer activement au mouvement (se redresser, s’appuyer, pivoter…).
  • De gagner en fluidité et en efficacité dans la prise en charge, malgré le manque de temps souvent constaté.

Maintenir l’autonomie du patient : un enjeu partagé

Souvent, les personnes dépendantes perdent leurs réflexes moteurs et habitudes de mouvement simplement parce qu’elles ne sont plus sollicitées à participer. Par manque de temps ou de formation, le soignant a tendance à « faire à la place », ce qui, à long terme, renforce la dépendance. Pourtant, un soignant bien formé peut stimuler l’autonomie résiduelle, grâce à des mots encourageants, des gestes ciblés et des aides techniques simples.

Exemples de sollicitations quotidiennes :

  • Lors d’un lever de fauteuil, on peut inciter le résident à se pencher légèrement vers l’avant et à pousser sur les accoudoirs, plutôt que de le soulever intégralement.
  • Au lit, on peut lui demander de saisir une barre de redressement, ou d’utiliser son appui sur un genou pour pivoter et s’asseoir.
  • En position debout, un simple appui sur une canne ou un déambulateur bien réglé peut suffire à redonner confiance pour quelques pas.

Avec de réels bénéfices : 

  • Évitent l’aggravation de la dépendance en entretenant les capacités existantes (force, coordination, équilibre).
  • Soulagent physiquement le soignant, en répartissant l’effort et en limitant les gestes de portage.
  • Renforcent l’estime de soi du patient, qui retrouve une forme de maîtrise sur son corps et son environnement.

C’est un cercle vertueux : le patient ou résident reste acteur, les soins sont allégés, les transferts sont sécurisés, et la qualité de vie globale s’en trouve améliorée. C’est aussi une dynamique qui nourrit la relation soignant-soigné, dans la confiance et la valorisation mutuelle.

Des besoins spécifiques selon les établissements

👵 En EHPAD : accompagner dans la durée

Dans les EHPAD, les soignants gèrent de nombreux transferts chaque jour, avec une population vieillissante souvent peu mobile. La formation en manutention de personnes permet ici d’adapter les gestes aux pathologies liées à l’âge (arthrose, perte de tonicité, troubles cognitifs) tout en faisant participer le résident. Même avec peu de temps, quelques gestes bien transmis peuvent permettre au résident d’aider à sa manière, et alléger la charge physique du soignant.

🏥 En hôpital : agir vite, agir bien

À l’hôpital, la rotation des patients et la diversité des profils imposent une grande adaptabilité. Une formation permet aux équipes de mieux évaluer les capacités motrices du patient dès l’admission, d’anticiper les risques de chute, et de choisir les bons appuis ou dispositifs pour chaque situation. Résultat : moins de contraintes physiques pour les soignants et plus de sécurité pour les patients.

🧑‍🦽 En centre de rééducation ou en SSR : co-construire la récupération

Dans les établissements de soins de suite ou de rééducation, les soignants accompagnent la reconquête de la mobilité. Savoir comment guider un patient dans ses gestes, sans faire à sa place, est fondamental. La formation renforce ici la collaboration entre équipes soignantes et paramédicales (kinés, ergothérapeutes), pour un objectif commun d’autonomisation.

🤝 Un accompagnement personnalisé avec PhysiOstéo

Chez PhysiOstéo, nous proposons des formations sur mesure pour les établissements de santé, conçues par des praticiens et experts du mouvement. Nos programmes incluent :

  • Analyse des pratiques existantes
  • Apprentissage des bons gestes pour le personnel
  • Conseils pour évaluer les capacités du patient et l’impliquer dans la mobilisation
  • Mise en situation concrète dans votre environnement de soins

Ces formations apportent un impact direct sur la prévention des TMS, l’organisation des soins et la qualité de vie au travail. Elles s’adaptent aux contraintes de chaque structure, avec des formats flexibles et des intervenants terrain. 

Contactez-nous pour organiser une formation sur mesure au sein de votre établissement de santé. 

🎯 FAQ – Manutention des personnes dépendantes

🧓 Quelles sont les techniques de manutention pour les personnes âgées ?

Les techniques de manutention pour les personnes âgées visent à mobiliser en sécurité, en tenant compte de leurs capacités motrices et cognitives. Elles incluent par exemple :

  • Le transfert lit-chaise avec aide partielle ou totale,
  • L’aide à la station debout avec appuis guidés,
  • L’accompagnement à la marche sécurisée,
  • Le redressement au lit en mobilisant les appuis naturels. 

Ces techniques s’appuient sur des principes d’ergonomie, de respect du rythme de la personne et de sollicitation de ses capacités résiduelles.

🏥 Qu’est-ce que la manutention d’un patient ?

La manutention d’un patient désigne l’ensemble des gestes réalisés pour mobiliser une personne dans un cadre de soin : l’aider à se lever, s’asseoir, se retourner, ou changer de position. Elle implique une bonne évaluation des capacités du patient, une technique sécurisée pour éviter les blessures (du patient comme du soignant), et souvent l’usage d’aides techniques (drap de glisse, verticalisateur, lève-personne…).

🔄 Quels sont les types de manutention ?

On distingue plusieurs types de manutention selon le niveau d’autonomie de la personne :

  • Manutention active : la personne participe activement (lever, marche assistée…).
  • Manutention semi-active : le soignant assiste partiellement les mouvements.
  • Manutention passive : la personne ne peut pas participer, le soignant ou un outil assure le transfert. 

Chaque type implique des techniques spécifiques, et nécessite une formation adaptée pour garantir sécurité, efficacité et respect de la personne.

⚠️ Quelles sont les règles de manutention à respecter ?

Voici quelques règles de base pour une manutention sécurisée :

  • Analyser les capacités du patient avant toute action.
  • Adopter une posture stable : dos droit, genoux fléchis, appuis ancrés au sol.
  • Favoriser les appuis naturels du patient (pieds, mains, hanches…).
  • Communiquer clairement avec le patient sur l’action à réaliser.
  • Utiliser des aides techniques quand cela est nécessaire.
  • Respecter les rythmes et ne jamais forcer le mouvement.

Ces principes permettent de prévenir les TMS chez les soignants et de préserver l’autonomie et la dignité du patient.